Un des ateliers de concertation dans le cadre du projet Calypso à La Rochelle (©Neorama)
Publié le 24 mar 2025
Temps de lecture : 5 min
Tendances
Un des ateliers de concertation dans le cadre du projet Calypso à La Rochelle (©Neorama)
Publié le 24 mar 2025
Temps de lecture : 5 min
L’urbanisme participatif, en impliquant habitants et professionnels, réinvente la conception des espaces urbains. Ce modèle collaboratif, entre concertations, ateliers et enquêtes publiques, rend les projets encore plus robustes en conciliant expertises technique et d’usage, pour construire des villes qui répondent aux besoins réels des citoyens, tout en renforçant l’attractivité des territoires.
Les informations clés
D’un côté, les maîtres d’ouvrage, promoteurs, architectes et autres professionnels du bâtiment ont l’expertise technique. De l’autre, les citoyens et habitants ont l’expertise d’usage. Les deux sont voués à se retrouver pour construire, ensemble, les projets urbains de demain. Tels sont, en tout cas, les principes de l’urbanisme participatif, aujourd’hui très en vogue.
Très concrètement, il s’agit d’impliquer les citoyens dans la conception et la gestion des projets d’aménagement et de construction. En reconnaissant à l’habitant et aux acteurs locaux une expertise d’une autre nature que celle de l’élu ou du technicien il s’agit de mettre en application l’adage voulant qu’à plusieurs cerveaux on est encore plus efficace qu’avec un seul…
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Du simple processus d’information à une véritable co-construction, toutes les options sont sur la table. Mais, bien sûr, l’idée n’est pas de tomber dans une quelconque anarchie décisionnaire. Bien au contraire, ce cadre participatif et collaboratif a pour vocation d’aider le maître d’ouvrage à procéder à des choix éclairés.
A la clé, de nombreux avantages. En impliquant les habitants, les projets sont mieux adaptés à leurs attentes. Ils gagnent en pertinence et l’on évite par exemple ces fameuses « lignes de désir », qui sont la terreur de tous professionnels. Ces dernières, en architecture et en urbanisme, désignent les trajets naturels empruntés par les utilisateurs d’un espace, souvent en dehors des chemins formellement prévus. Elles mettent ainsi en lumière des comportements spontanés, comme des raccourcis pris par les piétons dans un parc ou à l’intérieur d’un bâtiment.
Surtout, sans adhésion du public, les projets s’exposent à des contentieux qui pourraient ralentir, voire compromettre leur mise en œuvre. Enfin, en s’assurant de répondre aux besoins réels, tels qu’exprimés par les principaux concernés, l’attractivité des territoires est renforcée. La réussite des projets est donc maximisée.
Ce succès, en revanche, ne s’obtient pas sans quelques précautions de base. L’organisation des consultations et concertations doit être clairement encadrée pour éviter tout risque de cacophonies et de frustrations. Des règles claires doivent être édictées. La première d’entre elles concerne le champ d’action : tous les éléments d’un projet n’ont pas forcément vocation à être débattus. Mais encore faut-il que toutes les parties prenantes, riverains, commerçants, entreprises et autres associations soient prévenus. Ainsi, les objectifs visés doivent-ils être clairs, mesurables et réalistes. Même chose avec le calendrier des opérations, pour que nul ne soit surpris par le timing.
Une fois ces cadres définis, tout est ouvert, les contributions pouvant revêtir diverses formes. L’enquête publique est la plus simple, visant à recueillir, sur papier ou en ligne, les avis de tous. Des ateliers thématiques, en petits groupes, permettent, quant à eux, d’aller plus dans le détail, sur un point précis : la place des espaces verts, les pistes cyclables, etc. Des balades exploratoires, sur les sites en construction, permettent de faire remonter des suggestions in situ. Quand des hackathons, de leur côté, offrent la possibilité de brainstormer tous azimuts. La ville de Toulouse, en septembre 2024, en a justement organisé un pour réfléchir au futur de la place Jeanne-d’Arc.
Quels que soient les formats retenus, les ordres du jour doivent être clairement fixés, afin de ne pas tomber dans la foire d’empoigne. Les débats sont encadrés, si possible par des animateurs neutres et qui, surtout, prennent le temps d’écouter toutes les opinions. L’état d’esprit doit être tourné vers cette seule ambition : convaincre et non contraindre. Evidemment, il ne faut pas être dupe des éventuels déséquilibres dans la participation : certaines personnes ou certains groupes peuvent se montrer plus actifs que d’autres, sans avoir pour autant davantage de légitimité.
C’est pourquoi il ne s’agit pas de dire oui à tout. Mais en expliquant toujours les choix finaux, en fonction de contraintes techniques ou économiques par exemple ; et en mettant en avant les ajustements nés des concertations, on arrive généralement à satisfaire tout le monde.
C’est le cas, par exemple, à La Rochelle, avec le projet Calypso, mené par VINCI Immobilier. Les riverains ont été impliqués à travers des balades urbaines, des ateliers participatifs et des réunions de bilan. Tout a été discuté, de la hauteur des bâtiments et de leur esthétique au nombre et à la typologie des commerces. Résultat : le projet, comprenant 327 biens, a été réalisé sans encombre.
À Roubaix, pour son renouvellement urbain, la ville a organisé des réunions de concertation et des visites sur le terrain pour adapter les projets aux attentes des habitants, notamment concernant les commerces et la piétonnisation.
À Paris, du côté de La Chapelle-Charbon, le projet d’aménagement d’un parc urbain de 6,5 hectares a été ajusté grâce à des ateliers participatifs qui ont mis en avant le besoin d’espaces verts et d’équipements sportifs.
On pourrait multiplier les exemples. Et évidemment pas qu’en France. À New-York, la Gansevoort Plaza doit son renouveau à un grand travail collaboratif impliquant divers acteurs locaux et des retours des utilisateurs.
A Christchurch, en Nouvelle-Zélande, après le tremblement de terre de 2011, une vaste campagne participative, baptisée Share an idea (partage ton idée, Ndlr), a permis de récolter plus de 100.000 propositions, influençant positivement la reconstruction.
Partout, quand ces logiques partenariales se déploient, cette même conclusion s’impose : c’est toujours pour « en tirer le meilleur ». Et l’une des solutions pour y parvenir consiste aussi à jouer la carte de la préfiguration. Appliqué à un projet immobilier, cela consiste, en amont, à donner à voir aux usagers futurs ce qu’il va se passer. Il s’agit, en clair, de tester, en situation, tout ou partie des aménagements prévus. Cela peut ainsi inclure des installations d’équipements temporaires (mobilier urbain, éclairage), voire des réalisations pilotes. VINCI Immobilier a notamment utilisé cette méthode pour son projet Ilink, à Nantes. Cela permet de valider certaines hypothèses et de recueillir des retours d’expérience des usagers avant toute mise en œuvre définitive. De quoi donc encore une fois minimiser les risques de se tromper.
Avec l’urbanisme participatif, on le voit, la ville ne se construit plus seulement pour ses habitants, mais avec eux. Et c’est une bonne nouvelle car une ville qui écoute ses citoyens est une ville qui maximise ses chances d’être attractive.