Publié le 23 nov 2023
Temps de lecture : 4 min
Tendances
Publié le 23 nov 2023
Temps de lecture : 4 min
Restées pendant longtemps à l’écart des grands projets d’aménagement urbain, les entrées de ville pourraient muter en nombre dans un futur proche. Après l’annonce d’un programme Action Cœur de Ville 2 consacré à la requalification des entrées de villes, le gouvernement a annoncé le 11 septembre dernier son plan de transformation pour les zones commerciales.
Les informations clés
Parce qu’elles constituent la première image laissée à un voyageur de passage, les entrées de ville sont un enjeu majeur pour les territoires. Or elles sont souvent pointées du doigt en France, car peu aménagées. Les différentes fonctions de la ville s’y superposent et se jouxtent, parfois sans cohérence. Souvent commerciales, les entrées de ville ont même été accusées d’enlaidir le pays.
Ce sujet n’est pas récent puisque cela fait vingt pas que les acteurs de l’aménagement urbain travaillent sur la requalification des entrées de ville, afin d’en faire de véritables morceaux intégrés à la cité. Cependant, la tâche reste immense tant ces zones sont nombreuses. Le programme Action Cœur de ville 2, en ciblant ces secteurs et en finançant leur transformation, pourrait accélérer les choses. 24 millions d’euros sont d’ores et déjà prévus pour la requalification des entrées de ville. « Nous sommes au tout début du programme Action cœur de ville 2 sur le volet des entrées de ville. Des réflexions sont par exemple lancées en Eure-et-Loir – à Chartres et à Dreux – ou à Nevers, et les projets se mettront progressivement en place », explique Stanislas Bourron, le directeur général de l’Agence nationale de Cohésion des territoires, chargée de la mise en place du programme.
D’autres sont en cours de déploiement. C’est le cas du quartier de Mérignac Soleil dans la métropole bordelaise, où l’aménageur public La Fab apporte de la mixité à une zone commerciale monofonctionnelle des années soixante. L’enjeu y est de végétaliser un secteur qui était artificialisé à 90 %, et d’intensifier la ville en y intégrant de nouvelles fonctions.
La transformation des entrées de villes à partir des gares est un autre axe de ce renouveau urbain. Si les grandes métropoles françaises ont lancé ces chantiers lors de la dernière décennie, il reste encore à transformer ces quartiers de gare dans les villes petites et moyennes et en périphérie des grandes métropoles. C’est, par exemple, ce que VINCI Immobilier réalise à Troyes, ou à Drancy, en Seine-Saint-Denis. Sur les neuf îlots d’une ancienne friche ferroviaire, VINCI Immobilier réalise 500 logements (sur les 700 que doit compter le secteur à terme) sur quatre îlots. Le programme, en cours de construction, prévoit également 8 000 m² de surfaces commerciales, cédés à Immo Mousquetaires qui y installera des grandes et moyennes surfaces. Cependant, la volonté de la ville et des concepteurs du projet est de favoriser les petites cellules commerciales répartis sur tous les îlots plutôt que concentrées dans un seul bâtiment. L’enjeu est également, pour VINCI Immobilier, de désartificialiser le site existant en créant des cœurs d’îlots végétalisés.
La problématique du manque de cohérence urbaine et architecturale des entrées de ville n’est pas nouvelle, et a été identifiée par les urbanistes depuis plus de dix ans. Toutefois, c’est à l’hebdomadaire Télérama que l’on doit sa mise à l’agenda public, lorsqu’il publie en février 2010 un article qui sonne comme un coup de tonnerre : « Comment la France est devenue moche ? ». Dans le viseur : les zones commerciales périphériques, mais également les ronds-points, les lotissements et les grands ensembles. Tous ces aménagements urbains pensés pour l’automobile ont été développés à partir des années soixante. Cette approche très utilitariste de l’urbanisme a commencé à être rejetée à partir du début des années 2000.
La requalification des entrées de ville n’est cependant pas aisée pour les collectivités désireuses de les réaménager. Comme pour un quartier classique, le réaménagement des entrées de ville commerciales implique, pour la collectivité, d’acquérir et de remembrer des parcelles de foncier appartenant à des propriétaires privés. Une tâche souvent difficile, même si la collectivité dispose d’un outil pour exproprier ces propriétaires : la déclaration d’utilité publique.
L’État avait lancé un appel à projets en 2017 intitulé « repenser la périphérie commerciale ». Ce concours a permis d’accompagnement une demi-douzaine de collectivités dans leur volonté de transformer leur entrée de ville. Associé à la démarche, le Cerema a identifié sept leviers pour accélérer les projets de requalification de ces zones. Parmi ceux-ci, la mise en place d’une stratégie dédiée au foncier d’activité fait figure de condition principale pour la réussite du projet. Portage politique fort, concertation avec les habitants et les acteurs économiques, intégration du projet dans une stratégie de territoire, équilibrage financier de l’opération, prise en compte des enjeux de mobilité, mise en place d’une véritable mixité fonctionnelle et urbaine… Autant d’actions qui vont faciliter la réussite de ces projets de requalification urbaine.