Publié le 04 oct 2022
Temps de lecture : 3 min
Tendances
Publié le 04 oct 2022
Temps de lecture : 3 min
« T’as voulu voir Vierzon, et on a vu Vierzon » chantait Brel en 1968. Plus de 50 ans plus tard, si Brel est toujours une icône locale, la ville construit une tout autre image autour des nouvelles technologies pour attirer, et inciter à y vivre. Au cœur de la ville, l’ancienne usine de fabrication de tracteurs se transforme en campus du numérique pouvant accueillir près de mille étudiants, et en incubateur de start-up. Reportage.
Situé dans le Cher (18), Vierzon (25 000 habitants) coche toutes les cases de la ville moyenne en déclin démographique et industriel. Ici, tout renvoie au souvenir des heures glorieuses de la ville. À commencer par la rue de la Société Française, en mémoire de la célèbre entreprise qui fut en son temps la première entreprise du Berry avec plus de 600 employés et le cinquième producteur national de tracteurs. D’un côté, les anciens ateliers de fabrication de tracteurs sur plus de 8 000 mètres carrés. De l’autre, le musée de la ville. Un hommage aux femmes et aux hommes qui ont œuvré pendant 150 ans dans ces ateliers où quelques touristes s’émerveillent encore devant les vestiges d’une industrie qui tient davantage à la relique qu’à l’activité économique.
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Mais la relance se dessine grâce aux nouvelles technologies et à des entreprises du secteur qui installent leurs quartiers dans les friches industrielles de la ville et s’apprêtent à inaugurer le campus numérique de Vierzon dans l’ancienne usine de tracteurs avec ses grandes façades de briques rouges, d’acier et de verre.
Depuis quelques années, Vierzon est associée à Ledger, une licorne française qui conçoit et commercialise des portefeuilles de cryptomonnaies physiques destinés aux particuliers et aux entreprises. La start-up a été fondée par Éric Larcheveque, serial entrepreneur lui-même originaire de Sologne, qui fait le bonheur des 1,7 million de téléspectateurs de l’émission Qui veut être mon associé sur M6.
L’entreprise a fait construire son campus « à l’américaine » en périphérie mais c’est en centre-ville, dans l’ancienne usine de la Société Française en friche pendant plus de 20 ans, que l’entrepreneur projette de nouvelles ambitions avec la création d’un incubateur de startups et une école du numérique de 1 000 étudiants à horizon 2030. Ce campus sera aménagé dans la nef à droite sur la vue satellite ci-dessous.
Il amplifiera le renouveau du quartier amorcé en 2005 avec l’installation d’un cinéma et d’un centre de congrès dans une première nef de l’ensemble (sur la gauche de la vue satellite ci-dessus) puis, dix ans plus tard, d’un bar – bowling où les jeunes de la ville et des communes environnantes se retrouvent. Les Vierzonnais et les Vierzonnaises ont ainsi réinvesti une partie du bâtiment et son grand parvis a repris vie.
Les premiers étudiants et startups s’installeront dans l’ensemble dès la rentrée de septembre 2023. Pour l’heure, les étudiants sont encore dans un petit campus situé juste en face du siège de Ledger. Avec des grands espaces et beaucoup de hauteur sous plafond, le défi est de récréer des espaces de convivialité et de réception, des bureaux individuels et des salles de classe. Pour ce faire, des aménagements modulables vont être intégrés.
Restera alors la partie centrale de la friche à réinvestir. Plusieurs pistes sont d’ores et déjà explorées comme la création d’un centre d’exposition, d’une cité des sciences ou bien le développement de nouvelles activités économiques en lien direct avec le campus du numérique.
Structure métallique type Eiffel à rénover, désamiantage, étanchéité, nouvelle toiture, peinture… Ce chantier titanesque est financé à hauteur de 50% par la région Centre-Val-de-Loire, par la Drac et par le département. Un investissement qui profitera à l’ensemble du centre-ville puisque les étudiants devront non seulement se loger mais seront également des consommateurs en attente de divertissements et de restauration. Vierzon a bel et bien entamé sa troisième révolution industrielle.