Publié le 13 déc 2022
Temps de lecture : 3 min
Tendances
Publié le 13 déc 2022
Temps de lecture : 3 min
En France, on compte plus de 3 millions de places de stationnement régulées. À l’heure où la mobilité change et où les métropoles cherchent de l’espace, cette réserve foncière est une véritable opportunité. Alors quel avenir pour ces parkings ? Éléments de réponse.
Le fait est significatif. En 2020, pour la première fois, le parc automobile d’Île-de-France a reculé, selon l’Atelier Parisien d’urbanisme (apur), confirmant l’extension d’un mouvement à l’œuvre dans Paris intra-muros depuis 2012. S’il est trop tôt pour crier à la fin d’une ère, celle de la voiture individuelle, les chiffres viennent illustrer une tendance de fond, au moins dans les métropoles, et interroge sur l’avenir des parkings. Entre les efforts consentis sur les transports en commun, le covoiturage et l’essor de la mobilité douce, vélos et trottinettes en tête, le paradigme est en train de changer, doucement mais sûrement.
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Et poser la question de la voiture, c’est interroger son espace « vital », au premier rang duquel on trouve le parking. En silo, souterrain ou en voirie, n’occupe-t-il pas trop d’espace, tandis que le nombre de voitures reflue et où les métropoles poursuivent la difficile quête de réserves foncières ? S’il est pratiquement impossible de savoir avec certitude l’espace occupé par l’intégralité des parcs de stationnement, en incluant les parkings gratuits de certaines rues, d’entreprises ou des nombreuses zones commerciales, les seules places régulées sont au nombre de trois millions en France, selon la Fédération Nationale des Métiers du stationnement, regroupant les grands noms du secteur (Indigo, Q-Park). D’une superficie moyenne de 11,5 m², elles couvrent ainsi 3.450 hectares en France, soit plus du tiers de la ville de Paris ! C’est dans ce contexte que le groupe Indigo, leader du secteur, et l’architecte Dominique Perrault, ont lancé un concours international « Carpark Futures » afin d’inviter les architectes de moins de 40 ans à réfléchir sur l’avenir des parkings.
L’avenir des parkings : faire entrer l’air et la lumière
En mai 2022, Carpark Futures a rassemblé 320 architectes qui ont eu 72 heures pour proposer un projet de reconversion du parking souterrain d’Euralille. Cette structure qui court sous l’immense centre commercial de la métropole lilloise s’étend sur deux niveaux et quelques huit hectares. « Les parkings souterrains sont très intéressants car ils sont souvent stratégiquement situés, dans le centre-ville » indique Pauline Wolff, architecte au cabinet Wolff & Capon, lauréate du premier prix du concours en partenariat avec Collective Architecture. Ensemble, ils ont imaginé à la place du parking des bureaux et un musée. Peran Guillaume, membre de ce cabinet, complète : « L’avantage des parkings est également qu’ils sont bâtis de façon rationnelle à partir du module de la place de parking, ce qui permet d’envisager un modèle systémique et générique pour les reconvertir ».
En revanche, les parkings jouissent d’une image plutôt négative : environnement sombre, odeur, laideur du béton nu… sur laquelle il est important de travailler. Les participants ont ainsi rivalisé d’imagination pour faire entrer l’air et la lumière dans le parking souterrain d’Euralille, par le biais notamment d’une coupure de 20 mètres de large dans le bâtiment le long duquel seront implantés commerces et espaces d’activités, ou encore via un cheminement piéton le long de galeries odorantes remplies de lavandes et de végétaux de Provence, avec des tubes solaires pour amener de la lumière. Certains architectes ont même souhaité changer complètement le paradigme du lieu, que ce soit par la réalisation d’une piscine géante, la constitution d’une vaste « cyber-arena » dédiée à la réalité virtuelle, ou encore par l’aménagement d’un immense entrepôt automatisé pour faciliter les livraisons sur le territoire alentour. Mais c’est le projet de Wolff & Capon et Collective Architecture, prônant la flexibilité, qui a remporté l’adhésion du jury.
La flexibilité au cœur de la reconversion des parkings
La première étape du projet lauréat, « Common Ground », est de réunir les deux étages du parking en un seul. « La hauteur des plafonds était très réduite, un peu plus de deux mètres, explique Peran Guillaume, ce qui est impossible pour un lieu de vie. En enlevant cet intermédiaire, nous pouvons obtenir une hauteur de six mètres, laissant circuler l’air ». Des puits de lumière seront également ouverts. Ensuite, la réflexion des jeunes architectes s’est portée sur la temporalité des travaux. « Nous nous sommes dit que la voiture n’allait pas disparaître du jour au lendemain. C’est pour cela que nous avons proposé un projet modulaire et flexible, qui fera progressivement muter le parking en de nouveaux usages à mesure que la voiture recule» indique Pauline Wolff.
Cette structure modulaire et progressive permettra de produire un système de partition de l’espace pour accueillir la plus grande variété possible d’activités : de la petite entreprise nécessitant 200 mètres carré d’espace, au musée qui demande jusqu’à 4.000 mètres carrés. Totalement flexibles, les nouveaux espaces peuvent être rapidement modifiables et le projet réversible. « C’est un projet qui est à l’image de la ville de demain, assure Pauline Wolff, qui sera nécessairement adaptable. Aujourd’hui, nous ne pouvons plus proposer de solution rigide ».