À Toulouse, l’avenue de Lyon devient bas carbone

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La métamorphose bas carbone de l'avenue de Lyon s'inscrit dans le cadre du projet Grand Matabiau Quai d’Oc à Toulouse (©D.R.)

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Axe majeur de circulation pour entrer dans la ville rose, l’avenue de Lyon est en cours de transformation pour devenir un quartier bas carbone, dynamique et inclusif. Explications.

    Les informations clés

  • Le projet Grand Matabiau Quai d’Oc transforme l’avenue de Lyon en un quartier moderne avec 228 logements (dont 40 % sociaux), des commerces, un hôtel et une résidence intergénérationnelle, en favorisant l’inclusion et la concertation avec les habitants.
  • L’opération atteint les standards RE2020 avec des matériaux bas carbone, une utilisation de briques de réemploi, une végétalisation importante et une réduction de l’artificialisation des sols de 96 % à 70 %.
  • Les bâtiments bioclimatiques offrent des logements traversants, des protections passives contre la chaleur et des espaces extérieurs, tout en intégrant une architecture faubourienne contemporaine respectueuse de l’identité toulousaine.
  • La réduction du stationnement automobile au profit des mobilités douces et la forte desserte en transports en commun visent à créer un quartier apaisé, dynamique et bien connecté au centre-ville et au canal du Midi.

Située à proximité immédiate de Toulouse Matabiau, bordée de friches désaffectées et de fonciers désuets appartenant à la SNCF ou à des propriétaires privés, l’avenue de Lyon était un quartier de gare constitué de locaux commerciaux défraîchis, de vieux immeubles délabrés, et de terrains vagues abandonnés. Dans le cadre du projet Grand Matabiau Quai d’Oc, et après que les bâtiments qui bordaient l’avenue aient été rasés, une consultation a été lancée en 2022 pour régénérer cette artère vieillissante, qui a été remportée par Vinci Immobilier en groupement avec Bouygues Immobilier.

Faire de Toulouse une ville bas carbone

La métamorphose de l’avenue de Lyon est la première attribution sur ce quartier par Oppidea-Europolia, l’aménageur de Toulouse Métropole, d’un îlot mixte de logements et d’immobilier d’entreprise, avec l’objectif de renouveler un quartier paupérisé, artificialisé et imperméabilisé dans une perspective à la fois sociale et écologique. « C’est un des endroits de Toulouse qui est le plus densément desservi en transport en commun, avec à la fois des lignes de trains et de métros. Notre but était de pouvoir occuper de manière responsable et contemporaine un site qui avait de grandes qualités pour accueillir des logements et des services. » explique Anna Roche, directrice territoriale VINCI Immobilier.

Conçu avec la volonté de renforcer l’inclusion des populations, le projet, d’une surface de plancher de 19 400 m², est composé de 228 logements, dont 40% sont des logements locatifs sociaux, de 1 300 m² de commerces et de services, d’un hôtel de 104 chambres , et d’une résidence intergénérationnelle de 42 logements développée par Habitat & Humanisme. « La programmation du projet est ambitieuse et diversifiée. Les socles en rez-de-chaussée accueillent des commerces qui répondront à une planification attendue par la ville avec des lieux de restauration, des magasins de proximité… » détaille Mathilde Roques, directrice de programmes Vinci Immobilier en charge de la conception et exécution.

Dessinés par une équipe de 5 agences d’architecture réunies autour de l’agence Hardel Le Bihan Architecte, les bâtiments, dont la plupart ne dépassent pas 6 étages, avec deux émergences à 10 et 11 étages, ont été pensés pour offrir des vues dégagées, notamment sur le canal du Midi, inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Cette pluralité de compétences a permis une grande diversité d’écriture architecturale qui respecte intégralement l’identité des lieux, en proposant une architecture faubourienne contemporaine

Par ailleurs, dans une démarche là encore inclusive, les habitants ont été associés aux différentes phases de l’opération, depuis la rédaction du cahier des charges jusqu’à la présentation du permis de construire. «  Nous nous sommes inscrits dans une logique de concertation initiée avant notre désignation par l’aménageur Europolia. Les riverains, les conseils de quartier, les collectifs de citoyens ont participé à l’analyse et au jugement de toutes les offres, et nous venons de leur présenter les permis de construire avant leur dépôt.  » commente Anna Roche.

Un programme immobilier vertueux

Autre atout majeur de cette opération innovante, le projet porte une forte ambition environnementale en atteignant le seuil 2025 de la RE2020, et en visant le seuil 2028, à la fois très élevé et très exigeant, sur l’un des bâtiments. Pour l’atteindre, les planchers et les parkings ont été conçus avec du béton bas carbone, qui est très peu émissif. En outre, la part des matériaux de réemploi représente 5% des fournitures, et l’ensemble du site bénéficiera d’un raccordement au réseau de chaleur urbain, avec une part significative d’énergie d’origine renouvelable.

Pour autant, construire entièrement en bois, ce qui était le plus simple pour respecter l’indice de construction carbone de la RE 2020, n’a pas été jugé comme étant une option valable. « Nous avons décidé de faire le choix fort de proposer un immeuble en brique de réemploi, seule manière de continuer à utiliser le matériau de cœur des toulousains dans les standards de la nouvelle réglementation environnementale.  Toulouse ne s’appelle pas la ville rose pour rien ! Et ce choix s’est avéré gagnant puisqu’il a convaincu citoyens et élus. » résume Anna Roche.

Pour cocher toutes les cases de la sobriété, la renaturation fait également partie de l’équation. Afin de limiter les îlots de chaleur, la végétalisation a été développée sur l’ensemble du site, au sol, sur les terrasses de plusieurs bâtiments ainsi que sur 59% des toitures. Par ailleurs, 900 m² de pleine terre ont été restaurés, ce qui représente 55% des surfaces au sol, et un nouvel espace vert a été créé en cœur de faubourg. Alors que le foncier était initialement imperméabilisé à 96%, la transformation de l’avenue de Lyon produira une désartificialisation des sols à hauteur de 26%.

Une grande qualité de vie

Afin de proposer des habitats confortables et qualitatifs, les bâtiments ont été pensés dans une approche bioclimatique, avec des logements traversants ou bi-orientés, des pièces de jour et de nuit disposées pour limiter l’exposition au bruit, une hauteur sous-plafond portée à 2,60 mètres pour permettre une meilleure ventilation pendant l’été, des persiennes et des volets battants pour créer des protections passives contre la chaleur, des espaces extérieurs privatifs de 6 à 40 m². Les immeubles sont à taille humaine, avec seulement deux à cinq logements par palier.

La densité des transports en commun a également été l’occasion d’innover en matière de mobilité douce et de proposer une circulation apaisée. Les capacités de stationnement pour les voitures ont été réduites au bénéfice des piétons et cyclistes, ce qui leur permettra de façon apaisée et sécurisée.

A terme, la nouvelle avenue de Lyon constituera un lien à la fois vertueux, dynamique, et inclusif entre le centre-ville, le faubourg et le canal du Midi, tout en étant parfaitement intégré à l’identité architecturale de la ville rose.

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©Virginie Lemon