Publié le 07 mai 2024
Temps de lecture : 5 min
Tendances
Publié le 07 mai 2024
Temps de lecture : 5 min
Quel est le point commun entre Amsterdam, New-York, Singapour et Hong-Kong ? Ces quatre villes sont considérées comme des modèles en matière de densité car cette dernière y est bien acceptée par les usagers. Mais quels sont leurs secrets ? Éléments de réponses.
Les informations clés
Le développement de la cité-état n’était pas gagné il y a un peu plus de 50 ans, au moment où Singapour est devenue indépendante, avec une majorité de la population pauvre, évoluant largement dans des bidonvilles sans eau potable. Pourtant, Singapour s’est positionnée au rang international en matière d’économie, de santé, d’éducation et d’écologie, au point d’être fréquemment distinguée pour ses performances. Comment faire cohabiter autant d’habitants (aujourd’hui près de 6 millions) sur un si petit territoire (près de 700 kilomètres carrés) ? La planification a joué un rôle clé dans ce laboratoire d’innovation, notamment sur le plan des transports. Une seule autorité est en charge des services de métro, de bus, de taxi et de voirie, pour fluidifier efficacement les déplacements et ainsi éviter le point irritant des embouteillages trop souvent constaté dans les villes denses. Autre défi relevé par Singapour : optimiser la gestion de l’eau. Sa stratégie hydraulique est basée sur l’idée de «boucler le cycle de l’eau» sans en perdre une goutte. Entre 1965 et 2017, la densité de population est passée de 4855 hab/km² à 7996 hab/km², grâce notamment au remblaiement de la baie et à la création d’îles artificielles. Près de 360 hectares de front de mer ont été gagnés sur la mer. Malgré des projets pharaoniques, Singapour est l’une des rares métropoles attractives où l’évolution des coûts du logement est longtemps restée en rapport avec celle des revenus.
Concilier densité et qualité de vie : telle est la marque de fabrique d’Amsterdam. Dans un contexte où la densification va bon train depuis une cinquantaine d’années, le moindre mètre carré est exploité. Mini-balcons, petits appartements… la situation semble bien tolérée par la population. La construction de nouveaux immeubles de bureaux dans des sites bien desservis par les transports en commun et le redéveloppement de la zone portuaire à l’est de la ville ont façonné le nouveau visage d’Amsterdam. En parallèle, les politiques publiques ont découragé l’utilisation de la voiture avec un stationnement plus strictement réglementé. Les politiques urbaines se sont également concentrées sur les questions sociales dans les quartiers, avec la rénovation et la privatisation de l’offre de logements. De plus en plus d’immeubles de grande hauteur ont vu le jour sur des friches urbaines, tandis que des bâtiments étaient réhabilités ou transformés pour une utilisation mixte, à la fois résidentielle et commerciale. Dans un contexte où, en 2050, les centres urbains accueilleront près de 70 % de la population mondiale, la ville compacte a vocation à parer à cet afflux d’habitants, tout en en préservant les ressources naturelles.
Modèle d’urbanisation à haute densité, la ville-état a inspiré Vancouver, Shanghai, Pékin ou encore Londres. Près de 7,5 millions d’habitants vivent sur ce territoire, gouverné depuis 1997 par le statut de Special Administrative Region (SAR) de la Chine. Un département de planification est chargé d’en superviser l’aménagement. Le foncier est rare, et appartient au gouvernement sous forme de concessions privées à durées déterminées. Ces dernières sont optimisées, avec des programmes toujours plus denses, et un coefficient d’occupation des sols souvent supérieur à 8. La forte capacité du réseau de transports (Mass Transit Railway) a joué un rôle majeur dans ce développement, car 76 % des lieux de travail sont situés dans l’hyper-centre. Le nombre de déplacements en transports en commun y est le plus important du monde ! Un groupe de travail sur la libération du foncier réfléchit à l’utilisation de grottes souterraines, mais aussi à la conquête de nouvelles terres sur la mer et la construction de villes nouvelles supplémentaires dans les New Territories (une des principales régions de Hong-Kong). Si les gratte-ciels ont explosé, les parcs et ceintures vertes ont pu être préservés. L’objectif est précisément de maintenir la qualité de vie, sachant que la disparité des logements y est considérable. Les plus démunis louent des lits superposés sans bouche d’aération, les CSP+ peuvent à peine s’offrir 15 m² et seuls les plus fortunés sont bien logés. Hong Kong devra donc à nouveau se réinventer pour répondre aux besoins de sa population et conserver sa compétitivité.
Si la densité de New York est de 10 194 habitants/km², l’arrondissement de Manhattan atteint les 25 846 habitants/km². Grâce à sa croissance rapide, ce dernier est souvent présenté comme un modèle de prospérité et de maîtrise de l’espace urbain. Et sa capacité à se réinventer en innovant participe à sa notoriété, à l’image du développement de la High Line. Long de 2,3 km, ce parc urbain suspendu, qui traverse Meatpacking District et Chelsea, emprunte une partie des anciennes voies ferrées aériennes du Lower West Side. Sauvée de la démolition par les habitants du quartier et la ville de New York, la High Line mêle la nature, l’art et le design depuis 2009. De quoi en faire un passage obligé pour les touristes et donner un coup d’accélérateur au développement de l’immobilier. Mais Manhattan fait aussi face à plusieurs défis, à commencer par le niveau des loyers des appartements qui est très élevé, si bien que la colocation est monnaie courante. Autre sujet d’inquiétude : la ville s’enfonce chaque année sous le poids de ses gratte-ciels, tandis que le niveau de la mer augmente, au point que des scientifiques et géologues ont alerté sur les risques d’inondation. Riches en argile, le sol est particulièrement sujet à l’affaissement. L’urbanisation croissante de la mégapole, couplée au drainage et au pompage des eaux souterraines, risque d’aggraver ce phénomène.