Reconversion de stades : Nice, Londres, Cardiff… la surprenante troisième mi-temps d’anciens stades de football

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Le stade du Ray à Nice, le Ninian Park de Cardiff et l’Highbury de Londres ont été les théâtres pleins à craquer des exploits sportifs de clubs renommés. Construits au début du XXe siècle et devenus trop vétustes pour accueillir les passionnés du ballon rond, ces anciens stades reconvertis se sont vus offrir une nouvelle vie.

« Un jour pas comme les autres, je suis tombé fou de toi, mon cœur battait si fort, je ne savais pas pourquoi… ». C’est au rythme de ce chant de supporters qu’ont tremblé les travées du stade du Ray et ses 17 415 places entre 1927 et 2013. Situé au nord de la ville de Nice, ce stade a aussi bien accueilli les matchs du club local, l’OGC Nice, que certains matchs amicaux de l’équipe de France avant que la ville n’annonce la construction d’un nouveau « grand stade » de 35 000 places en 2008. Mais que faire de ce géant de béton et de ce grand gazon ? Le maire de Nice, Christian Estrosi, proposa de lancer une concertation pour déterminer l’évolution future des trois hectares du site.


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Si les exemples de reconversion de stade ne sont pas pléthore, le Ray n’est pour autant pas une exception. Avant lui, le Ninian Park de Cardiff et l’Highbury de Londres ont eux aussi laissé place à de nouveaux projets et de nouveaux usages. Pour le Ninian Park de Cardiff, antre du football gallois et symbole de tout un pays, le choix a été de construire un quartier résidentiel sur le site historique. Ce stade construit en 1910 avait même accueilli le concert du célèbre Bob Marley en 1976 et la visite du pape Jean-Paul II en 1982.

À Cardiff, le site de l’ancien stade transformé en quartier résidentiel (crédit. Graham Hogg / Ninian Park / CC BY-SA 2.0)

Toujours en terre anglo-saxonne mais du côté de Londres cette fois, l’ancien stade des « Gunners » d’Arsenal, club de football emblématique de la ville, a été transformé de manière bien plus surprenante. Jugé trop petit et après bien des difficultés pour faire aboutir un projet d’agrandissement en raison de l’hostilité du voisinage, du manque de place et du classement au registre des monuments historiques de certains éléments du stade, le club a décidé de quitter Highbury pour ériger un écrin flambant neuf d’environ 60 000 places. Les gradins ont été transformés en logements et le terrain en grand parc formant ainsi un nouveau quartier. 725 appartements tout de même quand le stade accueillait chaque semaine ou presque 38 419 supporters. Certains joueurs sont quand même « restés sur le terrain » car l’ancien gunner Robert Pires, champion du monde avec les Bleus en 1998, avait acheté un appartement dans le nouvel ensemble immobilier.

Highbury square, ou l’histoire d’un stade devenu quartier (crédit : Jim Osley)

Retour à Nice, non pas sur la promenade des Anglais comme auraient pu le laisser entendre ces deux exemples mais dans le quartier du Ray. « Historique », « populaire », « symbolique »… Ce quartier, impacté par le déménagement du stade, a vu naître un projet architectural et paysager remarquable pour accueillir 338 logements dont 96 logements sociaux, près de 6 000 mètres carrés de commerces en rez-de-chaussée, ainsi que 627 places de stationnement. « C’est un site auquel les Niçois sont très attachés, ils étaient d’ailleurs demandeurs d’un renouveau » confie Jean Malmassari, directeur régional adjoint de VINCI Immobilier en charge du projet. Le stade et ses parkings ont laissé place à des immeubles aux façades et toitures végétalisées ainsi qu’à un grand parc ouvert au public en prolongement du parc privé de la résidence, créant ainsi des liaisons naturelles avec le paysage existant du quartier.

Crédit : Stéphane Aboudaram ; We are content

« La difficulté a été de recréer des coutures avec la ville. Un stade a une emprise au sol très importante alors qu’un quartier se doit d’être plus intimiste, moins grandiose. C’est pourquoi nous avons aussi réalisé des efforts en façade sur les formes et les coloris pour que ce ne soit pas ‘un seul bloc’ » explique Jean Malmassari. L’architecte Édouard François détaille sa démarche : « Notre projet pour le Ray est constitué d’une série d’immeubles de tailles voisines de ceux situés sur le boulevard urbain en vis-à-vis. Il n’y a pas d’effet ‘grand ensemble’ répétitif, mais une urbanité raisonnable composée de la juxtaposition d’immeubles simples sans ‘outrances architecturales’ ».

Façades du même ensemble neuf s’intégrant à l’architecture du quartier (©Maison Édouard François)

« Pour les habitants qui ont connu le stade avant, il y a certes une forme de nostalgie, reconnait Jean Malmassari, mais globalement ils sont très satisfaits car le quartier vit tous les jours quand le stade ne vivait que pour les 19 journées de championnat à domicile… ». Pour autant, pas difficile d’apercevoir des vestiges du passé des lieux. Une partie des tribunes a été conservée pour en faire un mini théâtre d’extérieur pouvant servir à des animations et les crampons d’Hugo Lloris (natif de la ville, ancien gardien de but de l’OGC Nice et capitaine de l’équipe de France de football) sont exposés dans le hall d’entrée de la résidence. Le football n’a d’ailleurs pas complétement déserté le quartier : quelques fanions de supporters sont accrochés aux balcons des nouveaux appartements et un grand terrain ouvert au public et au club du quartier a été construit juste à côté des nouveaux immeubles.

L’ancien gradin qui accueille des animations l’été et des passants en toutes saisons

À défaut d’avoir conservé la pelouse du stade, ce quartier est reconnu pour avoir « des façades végétalisées parmi les plus grandes d’Europe » se félicite Édouard François, « ou plutôt des façades support de végétalisation » précise-t-il puisque les végétaux se développent autour des structures en châtaigner qui habillent le béton brut. « C’est un véritable laboratoire pour lutter contre les îlots de chaleur urbains et un démonstrateur de recyclage urbain » assure Jean Malmassari. Quels que soient les résultats de son club, Nice et son quartier du Ray sont sans aucun doute sur le podium des grands projets de transformation d’anciens stades en nouveaux quartiers.


L’artiste Antoine Graff a réalisé une oeuvre originale au sein du quartier Nice Le Ray. Aux couleurs de l’OGC Nice, elle fait suite à la compression des sièges trônant sur le parvis du nouveau stade de Nice. Un clin d’œil à l’histoire de ce quartier emblématique et à l’ancien stade du Ray. L’artiste joue une nouvelle fois avec la matière, les formes et les couleurs, pour le plus grand plaisir des Niçois.


L’oeuvre d’Antoine Graff

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